Ricet Barrier – La Servante Du Château lyrics

C'est moi, la servante du château.
Je remplis les vases et je vide les sieaux.
Je manie le balai et puis le torchon, je fais la pâtée pour les cochons.
Et puis la soupe pour les patrons, j'ai pas deux pieds dans le même sabot
J'ai de la vaillance plus qu'il n'en faut.
Ici, qui c'est qui fait le boulot... C'est moué.

La baronne, c'est une mijaurée qui est pas capable de surveiller.
C'est moi qui dirige la maison, je compte les bouteilles et les chapons
Et puis les liquettes du baron, faut avoir, comme dit Monsieur le Maire
Un oeil au bal, l'autre au cimetière.
Qui c'est qui sue même en hiver... C'est moué.

Faudrait pas croire que je sois un laideron
Les gars me courent au cotillon.
S'ils ne gardent point leurs mains dans leurs poches
Moi, je te leur refile une taloche.
Même le baron, quand il s'approche
Je le chasse à grands coups de plumeau.
J'ai de la vertue plus qui n'en faut.
Qui sera la rosière du hameau... C'est moué.

Quand Mademoiselle, dans le potager, fait la causette à son fiancé
Aussitôt, je quitte mon torchon pour surveiller un peu ce qui font
Je sais qu'il a de bonnes façons, mais comme disait Monsieur notre curé
Chauffe un marron, ça le fait péter.
Qui c'est qu'y'a de la moralité... C'est moué.

Aux noces, j'ai dit à Mademoiselle, fleur d'oranger craint pas la grêle.
L'évêque est venu bénir la fête mais comme le bedeau était pompette
C'est moi qui a porté les burettes.
Le soir, quand les époux se sont retirés
J'avais de la peine à les quitter.
Qui c'est t'y qui les a bordé... C'est moué.

Pour me consoler, j'ai été trinquer avec Nicolas le riche meunier.
On a dansé sous les lampions, le voilà qui tripote mon jupon
Pour voir si c'est pas du coton.
Moi je le laisse faire, je pense au moulin.
C'est quand y gèle qu'on cueille les coings.
Qui qu'aura l'homme, qui qu'aura le grain... C'est moué.

Je serais pas rosière mais je serai patronne et je me mettrai un chapeau
Pour faire visite à la baronne, changement d'herbage réjouit les veaux.
Qui sera l'invitée du château... C'est moué!